25/12/2007

Les rescapés

C'est étrange de grandir. Tout change autour de moi et j'ai l'impression que d'une certaine façon, tout est pareil. Je ne sais pas ce qui me procure le plus de joie, ou de peine, dans tout cela. D'un autre coté, je découvre encore des milieux qui m'étaient inconnus - mais je crains que rien ne soit plus surprenant, seulement décevant. Disons qu'à force d'être déçue plutôt que surprise, on essaie de ne plus rien demander, ou le minimum. D'un autre coté, je sais que si je n'attends plus rien de rien ni personne, si je ne désire plus rien que ce qui est à portée de main, je serais comme morte, comme abatue. En tout cas, je ne désire pas ce que j'ai eu et que je n'ai plus. Je désire du nouveau, mais à force de désirer du nouveau... et bien on est de plus en plus rarement surprise et donc déçue; maintenant, ce nouveau qui m'attire n'est pas tant du nouveau ex nihilo, qu'une nouvelle manière d'être. Ce qui me déçoit, c'est de me dire : cette personne va se comporter comme ci ou ça, elle va me dire ça ou ci... et puis que ça se réalise. Je crois que je ne suis pas la seule à être déçue, à être à court de soi. Je refuse cependant de me réfugier dans de la nostalgie. Je préfère me dire : c'était bien, et tant mieux si j'ai pu vivre tout cela, ça peut faire de jolis récits, de beaux souvenirs qui ne seront jamais tout à fait morts, mais il faut les dépasser, ou plutôt passer à autre chose. Je ne vais pas dire que le passé ne m'intéresse pas, cela serait faux. Le passé m'intéresse, m'intrigue, me séduit; je ne le considère pas comme mort, comme un vieux machin tout poussiéreux à mettre au placard, je suppose que le passé participe à faire de moi ce que je suis. Et même si lorsque je vais mal, je crache sur ce que je suis, et que j'aimerais me dégueuler pour redevenir un vieux moi qui a été entier pendant un certain temps, plutôt qu'un actuel moi qui se méconnaît trop pour être tout à fait, je suis, à froid, plutôt satisfaite d'être ce que je suis. Même si c'est frustrant. Passionnée mais rationnelle, je me limite avant de me jeter, mais je veille à rester spontanée; je fais attention à ne pas prendre des risques inconsidérés, mais je ne suis pas immunisée pour autant. Exigeante mais optimiste dans un certain sens et pas très conformiste, je refuse de croire que rien n'ait de valeur et que n'importe qui, produisant n'importe quelle merde, on lui reconnaisse un grand génie, mais je refuse aussi qu'on impose des critères complètement arbitraires pour juger des choses avec péremption. Je cherche des gens intéressants parce que je crois qu'en me frottant à l'autre je peux trouver quelque chose de suffisamment beau pour m'émanciper et vouloir faire du beau à mon tour.

Bon, enfin, après tous ces grands mots, je vais passer à quelque chose de plus léger : Noël. Je ne raconterai pas mon réveillon parce que ça serait affreusement inintéressant. Une fois ça suffit, quoi ! Je vais parler de mes cadeaux parce que c'est nettement mieux et que j'ai envie d'en parler d'abord (euhm).
- Comme je l'avais demandé : un parfum, l'intégralité des récits de H.C. Andersen.
- Comme ça ne m'a pas trop étonnée vu que j'en ai parlé à ma maman : le dvd de Boulevard de la mort, Justine du marquis de Sade, du sirop de gingembre, une nouvelle couette.
- Comme ça ne m'a pas étonnée vu que ça devient traditionnel : le dernier Garfield.
- Surprise ! "Les ch'tits hommes libres" de T. Pratchett
On m'a envoyé des messages pour me souhaiter un joyeux noel, je me suis sentie un peu moins seule au monde (huhu), mais c'était étrange de ne pas envoyer de messages débiles à Ben. Je me demande comment ça se passe au Japon.

22/12/2007

Ligoter

Délie-moi les mains d'un baiser acide et audacieux; glisse tes doigts entre mes doigts; appuie ta chaleur contre les battements de mon coeur - je les retarderai. Caresse de ton regard velours fardé d'une multitude de cils cendrés la courbe imparfaite de mon sein auréolé.
Enlace ma ceinture ,
Délace mes chaussures.
Lace ma chevelure,
Passe un lacet sous les sinuosités violacées de mes aisselles blessées, lacérées par les assauts de la lassitude vorace et de la solitude glaciale.
Ôte ce lacet. Serre-moi les mains. Couche-toi à mes cotés.

17/12/2007

I'll go [anyway]

Je m'en irai sur un petit navire
Tout en aluminium, avec un mât
Forgé en silicium, et un amas
De voiles que soufflent mille soupirs.

Et l'océan de chanter sur sa lyre,
Pandémonium, ornée des apparats
D'un aquarium - de béryls et grenats -,
Sa musique étreint mon coeur qui chavire.

Je vogue sur la berceuse marine;
L'onde emporte mon nimbe d'aubépines.
En t'attendant, j'ai fait brûler la myrrhe;
La cendre a pétrifié mon mascara,
Veiné mon regard d'un rouge incarnat.
Je ne me noie plus que dans mon délire.

15/12/2007

Ce mot stupide : final !

Laisse-moi te transpercer du regard.
Laisse moi-te regarder.
Regarde-moi.
Let me see through you.

Tu me manques.

Ce n'est pas réciproque.

Mon ventre en surcharge hurle ses battements intestinaux.
I miss you.
Ma gorge retient un je-ne-sais-quoi.
Et ma tête ses fourmillements électriques.
Et mes yeux des larmes qui ne veulent pas couler.

Parce que ce n'est pas réciproque.
Que ça n'a pas vraiment de sens.

Cela t'ennuierait si j'apprenais à te connaître?
Cela te gêne.

Let me see through you.
It hurts me more & more everyday.
Because you are not there.

Et que tu me remplis la tête d'électricité.

Désolée.
Désolée.
Désolée.
I'm sorry.

[c'était il y a plus de trois ans]

Est-ce que je pourrais encore écrire quelque chose de pareil - maintenant?

Je suis une cruche brisée. C'est un grand creux qui souffle.
Pourquoi m'avoir percée? Tout est tellement flou, et vide, et fade.
J'ai tout pleuré. J'ai méprisé mes pleurs et il ne reste qu'une grande amphore pleine de rien.
Et pourtant, j'ai peut-être encore deux ou trois larmes en réserve.
Des images affluent en torrents,
Je rêve de toi
Et le matin, j'espère que je n'aurais pas rêvé de toi.
J'en perds mon français!
Tu m'as remplie de rien. Je t'ai tout donné, et je ne sais plus très bien pourquoi.

J'aimerais que tu me partes très loin. Je veux la mer.

Je veux la musique !

Je suis l'arbalète qui a percé la cruche, et je suis l'amphore percée.
Je peux bien te reprocher des milliers de choses, je sais que c'est moi l'assassin.
Je suis la suicideuse.
Je n'ai pas seulement tué le temps, et les autres et tout ce qui est grand et fou.
Je me suis tuée. Je n'avais peut-être pas mesuré l'étendue du risque que j'encourrais en essayant de faire comme si j'étais quelqu'un d'autre. Quelqu'un d'éduqué.

Je n'ai même pas envie de dire:

Reviens ! Reviens-moi ! ou Regarde ! Regarde-moi ! Laisse-moi juste...

Je ne peux pas dire quelque chose comme ça. Mais je ne le pense pas non plus. Je ne pense plus rien.
Je rêve la nuit. Je rêve de toi, à nouveau. Et je n'éprouve rien que de l'ennui au matin.
Pourquoi j'ai tué la seule chose que j'avais?

Au fond, j'espère que c'est resté encore un peu vivant, un peu chaud, un peu là.
D'ailleurs, on dirait que je pleure, alors, peut-être que...
C'est pour cette chose à l'agonie que je préfère ne pas être sage, et écrire la nuit au lieu de me reposer. Et penser quand même à toi au lieu de te ( mettre entre parenthèses, sans point de suspension. ). Je ne veux plus être productive. Je veux être moi. Même si j'ai grandi.

Et je devrai marcher encore longtemps avant de trouver la clé.
La clé qui ouvre à soi. Magique, fragile, minuscule.
J'aimerais que tu me rendes la larme que tu m'as mangée. S'il-te-plaît. Elle me tenait froid en hiver. Maintenant que tu m'as laissée en paix, je me sens parfois trop à l'aise. Alors, ça manque. Tu comprends? Non. Tant pis.

Rends-moi mes histoires.
Rends-moi ma voix.
Rends-moi mes chants.
Rends-moi toutes ces choses que tu ne m'as pas prises.
Rends-moi ce que j'ai mis dans une petite boîte scellée et celé quelque part. Je ne sais où.

Ne me demandez plus d'être raisonnable, je vois bien que ça me tue.
En vérité, je veux peut-être disparaître mais pas mourir. Je ne veux pas disparaître en laissant un être raisonnable s'approprier mon identité.

Et viens, montre-moi des toîts inhabités où je pourrai réapprendre à pleurer avec les poumons.

Tous ces secrets que je t'ai dits, murmurés, pensés ! Qu'est-ce que tu vas en faire? Est-ce que tu as jamais su que c'étaient des secrets?

Il y avait tellement de "tu" dans ma tête, que ma tête les a tous éliminés. Il n'en reste plus qu'un qui est plein de plusieurs "tu".
Tout te dire ce soir, ça fait du bien; c'est comme un geyser qui explose dans des profondeurs marines et dans des couleurs dont on ignorait même l'existence jusqu'alors.

Peut-être que tu es je, aussi, en partie, surtout, ou ... ?