28/12/2008

Je changerai tes larmes en diamant

En réalité, je commence à me lasser du noir.
Je me disais que les couleurs étaient plus vraies à coté du noir. Par contraste.
Je me disais que le noir était pourvu d'un pouvoir magique qui faisait naître le choses au milieu de rien.
Peut-être n'est-ce rien.
Mais alors, quelle couleur?
Quel nom de couleur pour changer les larmes en diamant, le bois en fer, la boue en or?
Toutes ces peaux, qui glissent les unes derrière les autres, les unes dans les autres, les unes en dehors des autres.
Qu'y a-t-il à l'intérieur? si la beauté est un puit, qu'y a-t-il à l'intérieur? Est-ce que la beauté n'est pas autour de ce vide?
Et non le contraire.
J'ai longtemps cru que la beauté était un univers où se formerait une planète. Peut-être est-ce davantage le nuage à la mer et l'étendue que leur séparation contient, l'étendue qui les rassemble. Peut-être est-ce le coffre, et non le trésor.
Faire semblant.
Ce faire semblant paraît gorgé de promesses lumineuses.


J'ai changé de visage. J'ai changé de corps. J'ai changé.
La fameuse question qui remonte en surface - qui suis-je? - amène sur son sillage une multitude d'autres questions; et avec elles quelques décisions. (et il ne s'agit pas de résolutions. Rituel auquel je n'adhère pas vraiment.)
J'ai tellement envie de retourner à Londres.

07/12/2008

Or so I see...




haute comme une fleur
belle comme un arbre
ni son ni odeur
le silence est de marbre

A tailler les pétales, à sauter les haies, à crever les pistils, à cisailler les feuilles, à pisser tout autour. Ah ! mais... Vos fleurs sont des remèdes, vos fleurs sont les remèdes à mon cœur. Le chemin n'est pas si long qui mène à la floraison. Blossom. Je ferai un bouquet de violettes, un bouquet de muguet, un bouquet de chrysanthèmes, un bouquet de chromosomes. Et les saisons passeront une à une. Cueillez un à un les cris qui poussent sous mes ongles, le long de mes paupières. Oh Mai !

- Imaginez-vous, monsieur le Lapin fou, monsieur chat-beauté, monsieur je-fume-le-narguilé, que j'ai discuté ce matin même avec des œillets
- Des œillets, vraiment? On dit que ceux-ci sont difficiles, et perspicaces.
- Oh, vraiment observateurs. Certains d'entrent eux portent même des lunettes.
- S'ils portent des lunettes, ils n'ont sans doute pas mal aux dents.
- Mais voyons, monsieur je-fume-le-lapin, les œillets n'ont pas de dents.
- Ah vraiment, madame?
- Voyons, dîtes "mademoiselle", je n'ai que vingt ans.
- Si vous insistez, madame.
- Merci bien, monsieur le chat-fou.
- Je vois... Je vois... Vous en êtes bien sûr? Cela est-il si apparent?
- Plus clair que de l'eau rocheuse.
- Je vois... On dit que les fleurs aiment le soleil.
- Oui, certains d'entrent eux ne le regardent cependant jamais de face.
- Comme la lune.
- La lune?
- Oui. La lune. Je ne saurais vous dire pourquoi cependant.
- On ne peut vraiment pas avoir une conversation censée avec vous.
- Censée? Sensée?
- Voyons, voyons, l'orthographe ne s'entend pas, monsieur le narguilé-beauté.
- Suis-je sceau?
- Quelles armes?
- Des armes? Madame, vous n'entendez vraiment rien à rien.
- Et vous, vous êtes vraiment de très mauvaise compagnie. Je m'en vais.

Et je ne vous regretterai pas ! Songeait-elle en s'éloignant. Cet énergumène ne comprenait vraiment rien, et ne l'aidait vraiment pas à retrouver son chemin. Parce que, bien sûr, elle s'était perdue. Perdue au milieu des fleurs, des fleurs géantes qui lui faisait de l'ombre, et lui faisait craindre de ne plus jamais revoir la lumière du soleil. Et cependant, il devait bien y avoir une issue hors de cette jungle miniature. Je suis si petite, se disait-elle, jamais je ne me ferai remarquer. Et pourtant, il devait bien y avoir une issue...

02/12/2008

La fête I

La brume éclaire la nuit d'un scintillement glacé d'hiver; elle s'élève en volutes timorées au-dessus d'un grand chapiteau aux couleurs obscènes : bleu, orange, rouge, vert, mauve. Des couleurs qui crient, des couleurs qui rient, des couleurs qui prient, qui demandent l'absolution, qui se repentent des spectacles dont elles ont été témoins. Elles sont la césure agressive du dedans et du dehors. Dehors : la pluie, le froid, le calme. Dedans : la chaleur, le plaisir, l'ignominie. Le silence libre du repos bercé par l'éclat diaphane de la lune - le silence contraint de la douleur observée par des milliers d'yeux violés.
Des danseuses font des pointes, elles s'accordent en se transperçant, elles sont la souplesse rigide de la beauté automate - quelque chose qui n'existe pas. Des éléphants miment les mouvements des demoiselles, forment des arabesques gigantesques, arborent leurs trompes massives aux allures de serpents; leur regard est dur, leur peau est rugueuse, ils sont une masse invisible. Des trapézistes, des fakirs, des magiciens, des foulards, rubans et falbalas, des bâtons de feu, des couteaux, des chevaux, des juments, des hyènes, des lions effrayés, des autruches, des panthères, des ours, des vautours, des serpents, des boucs, des chèvres, des bœufs, des baleines, des licornes, des singes, des zèbres, des chimères, des harpies, des minotaures, des centaures, des sirènes, des satyres.
Le clown est assis dans un coin, il ne voit pas la funambule le regarder en sanglotant. Son maquillage coule; las, il fait tourner la manette d'un orgue de barbarie.


Découvrez Leila!