19/08/2008

Les pleurs d'Ida

Faîtes rougir le monde, bleuir le vent et pleurer les fleurs. Mais déjà leurs couleurs se fanent, leur larmes s'ennuient en s'évanouissant, avant même que le temps n'ait rattrapé sa course qui n'a ni commencement ni fin, mais n'est qu'éternel errement, recommençant sans jamais s'arrêter. Ses bras débiles tombent, inertes et impuissants, ses membres se disloquent et sa tête tourbillonne. Ses mains se heurtent. Ses mains marquent le rythme que des milliards d'êtres interprètent à tort - à travers. Trouvez des images nouvelles, trouvez des sons inconnus, chantez - faîtes pleurer les fleurs. Mais leurs larmes s'ennuient. Si elles perdent leurs pétales pour danser en secret à la tombée de la nuit, venez les espionner au trou de la serrure dont le verrou béant est une plaie infectée, une prison ouverte aux voyeurs - dans leur regard dégorgeant une avidité morbide à en faire pâlir les morts se terre une angoisse profonde, se reflète une absurdité maladive, un désespoir prêt à tout pour leurrer ceux qui le regarde les observer. Mais les fleurs ne font que danser; faîtes-les pleurer leurs larmes cachées, leurs couleurs inattendues, pour vous en vêtir en trop forte froidure. Faîtes-les pleurer la bile amère que vous cachez au fond de vous, derrière un masque rouge d'argent, bleu de bitume - mais comme ces couleurs sont belles à l'intérieur!, trop belles! - quittez-les, parez-en la tristesse des fleurs amères.

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