18/05/2009

Lilac wine

Assise au bar, la tête entre les mains, je compte les fissures dans le bois pour éviter de penser.
Je me demande où tu es. Je me demande ce que tu fais. Je commande un verre de vin. Du vin à la texture dense, obscur comme mes idées. Mais obscur comme les boucles de tes cheveux. Je me demande si tu ris. Le vin tremble et des circonvolutions roulent, ondulent, se perdent à sa surface. Elles s'évanouissent comme nos jours ensemble. Je me demande si tu dors. Le vin est d'un rouge profond et brille comme un rubis, il brille comme étincellent tes dents blanches entre tes lèvres rosées le matin, purpurines après les baisers. Je me demande si tu souris à quelqu'un. Le vin a un goût corsé et assèche mes lèvres, comme tu asséchais mes paroles par une seule de tes paroles, comme tu frottais ton pouce sous mon œil pour faire sécher une seule de mes larmes. Je me demande si tu as pleuré, toi aussi. Le vin brûle ma gorge - je n'ai plus l'habitude de boire -; il brûle comme brûle chacun de tes reproches, chacune de tes insultes, dans mes souvenirs; il brûle comme ont brûlé mes yeux d'avoir trop pleuré pour toi; il brûle comme les cendres du plaisir avant que le feu ne s'éteigne. Je me demande où tu vas. Le vin me fait tourner la tête et trouble mon regard - il me semble avoir bu autant de verres que j'ai d'images de toi à l'esprit -; il me tourne la tête et brouille mon regard comme la vision de tes pas qui s'éloignent sans que jamais tu ne te retournes. Je me demande où tu es, ce que tu fais, où tu vas. Le vin me pleure comme il pleut - et mes cheveux humides font des frisottis. Je me demande si tu penses à moi - mais je ne vois plus rien - mais j'étends ma tête trop lourde sur mon bras - et je m'endors.
Et je t'oublie.


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