24/02/2008

Cela ne se compte pas

II.

- ... Voilà, il vaut mieux arrêter.

- J'ai cru que tu ne le dirais jamais.

- On arrête.

Les jours, les semaines ont passé et il se sent mieux. Il n'a plus d'angoisses, de peurs, d'inquiétudes. Lorsqu'il sort, lorsqu'il apprécie une musique, une image ou un texte, il se sent libre. Il rencontre des personnes tristes dans la ville, et il les observe de loin, avec curiosité et distance. Il écoute des crissements de violons, et cela le fait rêver plutôt que pleurer. Parfois, il rêve encore d'elle, mais jamais de ses mots; il éprouve alors une nostalgie dénuée de scrupules et de regrets; il voudrait ne plus rêver d'elle, et l'oublier, parce que cela le rend mal à l'aise. Son coeur est vraiment fatigué, mais il se repose dans une apathie un peu cruelle - indifférente. Cette anesthésie prolongée ravive ses muscles et ses neurones autant qu'elle assourdit ses sentiments. Il pense. Il élabore des théories extravagantes : la cruauté comme la plus sociable des qualités humaines. Il sait qu'il n'est pas le premier à penser l'amour comme le plus anti-sociable des vices humains. Après tout, la littérature est une grande histoire d'amours. Il est au bout d'un tunnel, dans un blanc silencieux; il observe son entourage de l'autre coté de ce kaléidoscope d'émotions. Des sentiments et des désirs qui se reflètent et se multiplient sans jamais se mêler ni jamais engendrer autre chose qu'une pluie de couleurs. Il se change en statue de marbre, et les mouettes se posent et défèquent sur sa figure; blanc sur blanc. La lumière et la saleté le rendront gris, et coloreront ses veines de noir. Il regarde autour de lui, et le spectacle qui s'offre à lui est recouverte d'un voile opalescent. Et puis, il ne voit plus rien. Le temps mangera ses yeux; ses pensées s'envolent au vent. Il a oublié ce à quoi il pensait, ce qui lui avait donné à penser. Le poids de l'âge le maintient au sol, et il observe les oiseaux avec envie. Il y a un tunnel face à lui, rempli de couleurs; et il regarde ces couleurs avec envie. Pourquoi sont-elles si belles? Il a parfois le sentiment d'avoir oublié quelque chose, d'avoir appartenu à ce tunnel, d'avoir été prisonnier et heureux. Il ne sait plus s'il a toujours été fait de marbre et de pensées volantes - d'oiseaux -, il imagine parfois avoir été fait de chairs et de désir avide. Et puis, il oublie les pensées de ses souvenirs. Il ne sait pas s'il s'est envolé à son tour, ou s'il s'est vidé.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est, troublant à lire.
Je suis un peu, encore, sous le choc (toute proportion gardée).
Ce texte me rappelle des choses...

C'est étrange quand les écrits d'un autre nous rappellent un intime bien à soi.

Je reviendrai.

Bien à toi
al.
P. S. : Très beau nouveau site...

Anonyme a dit…

J'adore beaucoup.
;)

InSan a dit…

Coucou ! Merci à tous les deux.
C'était pas évident à écrire, parce que je voulais m'essayer à la rupture, tout en restant dans la fiction. J'aime bien manipuler les clichés, c'est un défi =D
Je dois dire que ça m'écœure un peu de relire ce texte.
Tu connaissais les anciens, Archibald?
Bisous, Elise ^^

Anonyme a dit…

J'étais déjà venu... Via Words, words, words (salut élise !). C'étais un site difficile d'accès. Peut-être était-ce un parti pris...
Je trouve le nouveau design et la nouvelle navigation (en blog) plus pratiques ^^...

Sinon marrant le Dante's Inferno ...

Vite la suite :) !

InSan a dit…

Difficile d'accès par rapport à la mise en page? Le pauvre blog précédent est mort et enterré :D

Anonyme a dit…

En terme de navigation surtout...

Mort ?... En es tu certaine ?... car j'ai l'impression que il renaît là ...